Paimpol Le Trieux

par Jean-Jacques Dujardin

LA CAMPAGNE 2006

C’est le 18 mai que notre locomotive entamait sa grande mission 2006 : relier quotidiennement Paimpol à Pontrieux, aller et retour, en remplacement de la belle K8, arrivée à échéance de révision de ses essieux.

La machine en gare de Paimpol.

C’était une aventure osée venant à point nommé pour prouver le parfait état de santé de la princesse et remettre les finances de l’association sur une bonne voie… ! Après quatre mois de rotation, 6 jours sur 7, notre princesse aura parcouru 6000 km en 120  étapes. Sans se faire prier, elle s’est laissée conduire sur les 18 km du parcours ponctué de quelques petites bosses et courbes qui permettaient de varier les vues sur la remarquable baie du Trieux.

La rivière du Trieux vue du Château de la Roche Jagu.La rivière du Trieux vue du Château de la Roche Jagu.

En règle générale, c’était vers 11h15, que se faisait le départ de la gare de Paimpol. Après que le passage à niveau situé à la sortie de la gare eut sonné et que la barrière se fut baissée, la rame s’ébranlait à travers un étroit couloir d’herbes folles avant de quitter Paimpol et longer le village de Plounez. La machine passait ensuite sous la D786 qu’elle longeait sur 800 mètres avant de bifurquer sur la gauche et passer sur le pont de Dervan. C’est là qu’apparaissait la première vue sur la baie du Trieux enjambée par le pont routier de Kergris. Ensuite, la rame poursuivait son chemin en longeant sur la gauche des prairies plantées de graminées en fleurs. Nous passions l’arrêt de Toull ar Huiled d’où nous pouvions apercevoir, sur l’autre rive, les installations des ostréiculteurs locaux. Nous étions maintenant en bordure franche du Trieux, absolument inaccessible en voiture. Puis, tout à coup, le paysage changeait, on quittait la campagne pour s’enfoncer dans le bois de Penhoat Lancerf sans pour autant perdre la belle vue sur l’estuaire. La vitesse du train ne dépassant jamais 30 km/h, cela donnait le temps d’admirer le paysage paisible et verdoyant. Après environ 8 km d’un itinéraire légèrement bosselé, c’était la halte en pleine nature à la Maison de l’Estuaire Traou Nez, lieu évoquant la célèbre affaire Seznec, pour la dégustation de produits régionaux, quelques airs de musique bretonne et une exposition. Vingt minutes plus tard, les cylindres de la machine se remplissaient à nouveau et ébranlaient la rame pour aller serpenter sur ce magnifique versant droit du Trieux. Le train passait l’arrêt facultatif de Frynaudour, un nom dont la consonance pourrait faire penser à une halte islandaise, puis quittait le bois de Penhoat Lancerf avant de traverser le viaduc métallique du Leff que nous avions très vite appelé, vu sa couleur, le « pont bleu ». Le Leff est une rivière qui se jette juste après le pont dans le Trieux. La verdure se resserrait légèrement puis, à la sortie d’une courbe en montée, notre regard se trouvait capté par une nouvelle vue sur le Trieux et on pouvait apercevoir, sur l’autre rive, l’élégant château de la Roche Jagu. (En gagnant le château par la route, on bénéficie d’une très belle vue sur la ligne de chemin de fer). La fin du voyage approchait, encore quelques courbes et quelques branches avant l’arrivée à la gare de Pontrieux où Jean-Michel, le chef de service, accueillait tous ses voyageurs.*

Entre Pontrieux et Paimpol.

A peine le dernier voyageur avait-il eu le temps de descendre que la machine était désaccouplée afin d’aller s’offrir un petit  entretien. C’était un repos de quelques heures dans un lieu clos non protégé des appareils photographiques. Le voyage avait duré un peu plus d’une heure, pas de quoi effrayer nos chauffeurs et nos mécaniciens habitués à des amplitudes plus importantes. Après une toilette de chat dans un local succinctement aménagé, nos braves « pévécistes » se rendaient, à deux pas du port de plaisance, « chez Jacqueline », un resto bon enfant sachant nourrir copieusement nos travailleurs à l’ancienne.

Une heure trente plus tard, tout le monde était à son poste pour vérifier et graisser ce qui méritait de l’être avant une nouvelle manœuvre qui verrait notre machine se mettre en tête, tender en avant.

Vers 16h15, c’était le retour sur Paimpol par le même itinéraire mais sans arrêt. 

 

Tous les jours de la semaine, sauf le lundi, une belle horde de touristes, appareil photos en bandoulière, s’installaient dans les six voitures (allemandes et belges) aux banquettes en bois. La rame, particulièrement légère, à peine 200 tonnes, ne pouvait pas fatiguer notre machine, habituée à tracter nos lourdes voitures OCEM. 

Même si le temps, parfois, s’assombrissait et laissait place à une pluie rafraîchissante, le moral des troupes était toujours au beau fixe. Il faut dire que l’accueil par les gens de CFTA a été très plaisant et que la balade quotidienne était très agréable. Bien que le gîte, voiture postale et voiture B4d, soit, à mon goût, plus proche de l’hébergement d’un scout que d’un sexagénaire, personne n’a semblé s’en plaindre. Ce fut même l’occasion de faire un peu la fête. En fait, l’essentiel n’était pas là. Tous les bénévoles actifs de l’association le savaient. L’essentiel était d’avoir su saisir l’opportunité qui nous était offerte en faisant tout pour gagner le défi. Accepter et réussir cette prestation bretonne participait à améliorer nos finances après les deux difficiles années que nous avons traversées, mais c’était aussi permettre à nos nouveaux chauffeurs et mécaniciens de se former ou de se perfectionner. Jamais à Sotteville, avec nos 4 à 5 voyages par an, nous n’aurions pu accomplir cette longue formation. Il faut bien le dire, les anciens de la vapeur se font de plus en plus rares et, si nous voulons perdurer, il faut penser à la relève. C’est pourquoi, durant ces quatre mois, des hommes se sont relayés toutes les semaines et ont profité d’une formation minutieusement préparée. Il faudra bien évidemment faire le bilan de cette instruction mais, quoi qu’il en soit, elle ne pourra pas être négative. L’avenir du PVC va donc se consolider grâce à « l’aventure » bretonne. 

Durant ces quatre mois, bien des bénévoles, leurs femmes et parfois leurs enfants, des adhérents ou même des sympathisants ont fait le déplacement pour voir la princesse et personne n’a été déçu.  Les souvenirs sont là, en film mais aussi en photos.


Une équipe en gare de PaimpolUne autre équipe en gare de Paimpol. La postale en hotel sans étoile.

Une bien belle prestation qu’il fallait tenter et que nos vaillants bénévoles ont brillamment réussie.

La princesse sous la pluie sur le viaduc du Leff.


Le lien vers le site du train de Paimpol au Trieux:  http://www.vapeurdutrieux.com/

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